
BIOGRAPHIE
À propos de MINA POE, metteuse en scène, comédienne, scénariste et auteure de théâtre.
Née en Serbie de parents appartenant tous deux au milieu du théâtre, Mina Poe déploie très tôt une passion pour la scène. Adolescente, elle intègre à Paris la Classe libre du Cours Florent, ce qui confirme sa vocation d’actrice. Diplômée du CNSAD, Conservatoire Supérieur National d’Art Dramatique de Paris en 1991, elle se forme auprès de Philippe Adrien, Stuart Seide, Jean-Pierre Vincent et Vivianne Theophilides. Là-bas, elle découvre aussi l’art du clown avec Mario Gonzales et se passionne pour cette discipline qui fait la part belle au burlesque, à l’écoute et au collectif.
A la Cartoucherie de Vincennes, une expérience de la troupe tournée vers le monde
A sa sortie de l’école, Mina joue au théâtre, à la télévision et au cinéma, avant d’être rapidement attirée par l’écriture et la mise en scène. Elle fait ses premières armes aux « Rencontres » initiées par Philippe Adrien à la Cartoucherie. Polataka (1995), son premier spectacle créé à la Cartoucherie de Vincennes, est une pièce documentaire. Polataka s’inspire de la vie d’un couple de médecins à l’initiative d’un réseau d’écoles au Soudan. Pour l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage, elle met aussi en scène La rencontre entre Las Cases et Cortes (1996) de Serge Sandor.
Comme actrice, elle joue dans You-You (1994) pièce de l’auteur serbe Jovan Atchine, mise en scène par Philippe Adrien au Petit Odéon. Ce seul-en-scène retrace l’arrivée en France d’une immigrée Yougoslave au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Et également dans La misère du monde (1994) de Pierre Bourdieu.
A la Cartoucherie de Vincennes, lieu vivant et ouvert au public, elle se nourrit de la diversité des rencontres à la fois théâtrales et humaines. Elle enchaîne les spectacles collectifs avec la troupe. Cela dans des projets qui explorent des thématiques sociales mais aussi intimes comme celles de l’identité et de l’exil, de l’immigration et de la précarité. Tous ces thèmes marquent durablement son parcours artistique.
minaPoe, la mode engagée au côté des femmes
Attirée par le costume, Mina Poe se lance dans une nouvelle aventure en 2000 en inaugurant sa propre marque de Haute couture, minaPoe, Pendant près de quinze ans, elle navigue entre la France et la Serbie pour faire réaliser par des femmes ayant fui le Kosovo, dans son atelier de couture, des collections aux accents baroques et théâtraux. Là-bas, elle revalorise leurs techniques artisanales, crochet et broderie notamment, vers plus de modernité. Elle dirige la marque jusqu’en 2013.
MayMoon Productions, du cinéma à la scène
En 2013, Mina Poe créée sa propre société de production, MayMoon Productions et produit et réalise des courts-métrages, des documentaires et des séries. Comme réalisatrice, elle mène des recherches documentaires en Serbie afin de reconstruire les trous d’une histoire familiale morcelée. Certains membres de sa famille ont disparu pendant la seconde guerre mondiale. Aussi s’intéresse-t-elle à la question de la mémoire, de l’héritage culturel, de l’exil et de l’identité, dans un pays marqué par le communisme et fragilisé par la corruption de sa classe politique. En 2019, elle écrit et réalise le court-métrage A Girl At The Fence, relation entre une petite fille et sa grand-mère dans la Serbie communiste des années 50, directement inspiré par les récits de sa mère et de ses tantes. En Serbie ou en France, la place des femmes occupe toujours une place centrale dans ses recherches, elle a ainsi réalisé un court-métrage dans le Nord-Pas-de-Calais, sur les violences conjugales, Bon appétit misère (2013).
Mais le théâtre, le jeu de clown, la musique, lui manquent. En 2015, elle revient à la scène avec un spectacle de clowns, Sussi Keboka, qu’elle écrit et met en scène au Théâtre de l’Alliance Française. Le clown, un art qu’elle affectionne particulièrement depuis toujours, se fait ici contemporain, tissé de création vidéo, dans une pièce aux accents beckettiens. Car deux clowns attendent sur scène leur idole, le poète imaginaire Sussi Keboka, qui n’arrivera jamais.
A la même période, avec son amie Élodie Chanut qu’elle connaît depuis le Conservatoire de Paris, elle monte à nouveau You-You de Jovan Atchine. Elle joue ce monologue à l’automne 2017, au Studio Hébertot. Mais la pièce se charge maintenant de tous les exils contemporains.
Monkey talk, une compagnie de théâtre
Portée par son retour à la scène, Mina Poe vient de créer sa propre compagnie de théâtre en 2020, Monkey talk, qu’elle implante dans une région qui lui est familière, le Centre de la France. Dans ce territoire, qui lui tient à coeur, elle a pour projet de mener des actions culturelles et de proposer des spectacles à un large public. Son désir de décentralisation s’articule autour d’un projet artistique fort, mu par la volonté de revisiter des textes classiques par des formes pluridisciplinaires, accessibles. Si la langue classique peut sembler un frein, trouver les codes artistiques sensibles pour la faire entendre autrement est l’axe principal de la compagnie Monkey talk. Dès lors, il s’agira de mêler la langue à des disciplines aussi variées que la musique, la danse, le jeu de clown ou encore la vidéo. Mina Poe souhaite également mener dans la Région Centre des ateliers d’initiation à l’art du clown ludiques et ouverts à tous. Il s’agira de partir à la découverte des personnages de la commedia dell’arte, revisités et complexifiés par la fantaisie du clown.
Pour mettre en place son projet de compagnie, elle s’est entourée d’artistes issus d’horizons artistiques variés, musiciens, scénographes, créateurs lumière, clowns et chorégraphes, qui l’accompagnent dans l’élaboration de ses projets. Ainsi, Massacre à la PoéZie (Festival d’Avignon 2020), premier spectacle de la compagnie Monkey talk, souhaite faire entendre la poésie féminine à travers une forme musicale déjantée, loin de la langue classique. Elle jouera également dans Vivement noël (2021) de Bibi Nasseri et Serge Sandoz, comédie sur une famille française d’origine maghrébine.
Elle accepte également les commandes en mettant en scène Le Prénom (2023).
Actuellement, Mina Poe travaille à l’adaptation du Journal d’un fou de Nicolas Gogol, pièce hybride mêlant musique, vidéo et danse. Elle travaille également sur ses propres poésies qu’elle met en musique, tout en préparant son prochain film Les Petits Papiers.










